Histoire de femme , IVG programmée un certain lundi de janvier ...
Arrivée à 8h le matin la
secrétaire m’annonce qu’il faut revenir à 15h.
Après une bonne préparation
mentale matinale, voilà que je dois encore attendre.
Je n’en peux plus, c’est trop
dur. Beaucoup de stress, je me sens mal.
Rester à jeun jusqu’à 15h n’est
ce pas là chose difficile et fatigante ?
Je suis exténuée avant même
d’arriver.
L'Homme cherche une place, je me
rends seule au 4eme étage, direction l’infirmerie.
Je suis mise dans la chambre 433
à côté d’une jeune fille de 19ans, elle aussi ici pour la même raison que moi.
L'Homme est là. J’ai une robe en
tissu bleue ainsi que des chaussons posés sur mon lit. J’ai 5 minutes pour me
déshabiller et enfiler ma tenue.
Le brancardier est là, il vient
me chercher. Le stress monte. L'Homme m’embrasse et me dit à toute à l’heure.
Je me retrouve avec une
infirmière puis avec un anesthésiste. Il me met le cathéter sur ma paume
gauche, difficile pour lui de trouver une bonne veine.
Il me met un masque sur le
visage. Je sens comme une odeur de menthe qui au fil du temps se met a sentir
de plus en plus fort jusqu’au moment ou ça y est : je m’endors, je suis
ailleurs.
Je me retrouve en salle de réveil
vers les 16h. Je vois flou. J’ai froid. J’ai mal au ventre. Je vois une dizaine
de lits autour de moi. À ma gauche une horloge indiquant 16H20, à ma droite un
jeune homme qui vomit, et en face une mamie intubée qui a du mal a respirer.
Un docteur vient me voir pour
contrôler mon moniteur et ma douleur. Je lui dis que j’ai mal. Il m’injecte
alors un produit servant à soulager.
Il est près de 16H45, le médecin
revient me voir. Il me demande à nouveau comment je vais et me demande de
relever mes jambes jusqu’aux genoux afin de voir si je saigne beaucoup.
Je saigne un peu mais il décide
de me faire remonter dans ma chambre.
L’infirmière vient me voir. Elle
apprend par le brancardier que je saigne beaucoup. Elle me nettoie et me pose
ensuite une grosse serviette hygiénique sur mon sexe. Elle me demande mon degré
de douleur sur une échelle de 1 à 10. Je lui réponds entre 5 et 6. J’avais
assez mal mais ça allait. Vers 17H30 elle est venue me porter un café avec du
pain, du beurre et de la confiture. Ça m’a fait du bien car je n’avais pas
mangé ni bu depuis dimanche soir.
Mon gynéco passe dans
la chambre pour nous dire que nos opérations se sont bien passées, qu’il
fallait qu’on surveille nos urines et écoulements sanguins puis qu’on reprenne
avant un mois un rendez-vous à son cabinet pour un contrôle afin de vérifier
s’il n’y a pas d’hématome. Il a ajouté qu’il fallait bien prendre notre
contraception dès le soir même ou le lendemain. Je lui dis que je n’ai aucune
prescription, il part aussitôt me la faire.
J’ai appelé L'Homme pour lui dire
qu’il pouvait venir me voir. Vers moins le quart il était auprès de moi. J’en
avais besoin. Je ne voulais pas me retrouver seule. C’était important qu’il
assume au moins ça.
Vers 18H15 l’infirmière m’a dit
que je pouvais commencer à me préparer. Je me lève pour mettre ma culotte ainsi
que cette autre grosse serviette car je saigne beaucoup. Ensuite je me dirige à
la salle de bain pour faire pipi car il fallait qu’on urine avant de partir
histoire de voir si l’appareil génital n’était pas endommagé et s’il n’y avait
pas présence de caillot.
Chez moi tout à bien fonctionné.
Le pipi arrive. Je suis contente, je vais enfin partir de cette chambre, de
cette clinique.
Je m’habille. L'Homme m’aide car
mon cathéter me fait mal. Je rejoins l’infirmière pour qu’elle me l'ôte .
Je vois sortir une aiguille fine d’au moins huit centimètres. J’ai mal mais je
ne dis rien. Elle me reprend la tension. Tout va bien. Elle me donne quelques
cachets pour calmer la douleur ainsi que mon bon de sortie.
Avec L'Homme nous
allons chercher ma pilule ainsi que des serviettes hygiéniques.
Je suis crevée.
Je ne réalise pas ce qui m’est arrivé.
Je sens qu’on m’a charcuté.
Je me sens vidée. Tu es parti.
L'Homme me dépose chez moi. Il repart.
Je me sens seule. Je suis seule.
J'ai froid. J’ai
sommeil.
Je ne parle pas.
J’ai peur de demain. . . .
"Les cintres, comme les aiguilles à tricoter font partie des méthodes extrêmement dangereuses que les femmes utilisent pour avorter dans les pays dans lesquels l'avortement est illégal. Ces méthodes étaient utilisées en Espagne, comme en France, avant la légalisation de l'avortement. Un tel retour en arrière est inadmissible! "
Rejoignez le mouvement et soutenez le droit à l'avortement libre et sûr pour toutes sur la page d' Osez le féminisme ! et celle du groupe de soutien ici . Pour + d'infos sur l' IVG, rendez-vous sur le SITE OFFICIEL.
Bravo pour cet article plein de sincérité et d'émotions. Un sujet encore tabou dans beaucoup de pays et pourtant une réalité pour de nombreuses femmes. Je soutiens la cause des femmes et le droit de choisir.
RépondreSupprimerbisous.
merci beaucoup Amélie ♥
SupprimerMerci. (pas pour les larmes qui coulent, ni mon ventre qui se tord. Pas pour le frisson qui me parcoure ni pour l'angoisse qui bat en moi...) Merci d'avoir mis ces mots. Merci de rappeler les aiguilles. Les cintres... Ces putains de cintres.
RépondreSupprimeroh merci Peggy pour tes mots qui me touchent... ♥
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