vendredi 30 novembre 2012

pourquoi je veux devenir doula ...


 Je suis tombée enceinte en 2009. J’étais heureuse d’apprendre la nouvelle et de l’annoncer autour de moi! Mais hélas je n’ai pas vécu une grossesse comme je pouvais me l’imaginer dans mes idéaux de petite fille…. Mon conjoint ne m’épaulait pas, ne se souciait pas de mon état ni de celui du bébé, il était beaucoup absent. Ma famille n’était pas sur Montpellier, je n’avais qu’une bonne amie pour m’écouter et avec laquelle je sortais. Je me sentais vivre enfermée dans ma solitude. Je ne sortais pas beaucoup seule, mis à part les jours de rendez vous chez mon gynéco et au labo pour un examen de routine ! Je ne suis pas allée aux séances de préparation à l’accouchement car je ne me sentais pas d’y aller seule sans le papa et de me retrouver triste dans une salle avec des couples épanouis. Ma grossesse s’est bien passée, je n’ai eu aucune soucis de santé. Seul le plan psychologique était « affecté ».
Sur la fin j’étais de plus en plus fatiguée, épuisée par ce corps et surtout par cette tristesse que je ressentais. J’en voulais à mon conjoint de ne pas s’être investi dans ma grossesse, de ne m’avoir accompagnée à aucun rendez-vous, de ne pas m’avoir aidé dans cette période qui devait être normalement radieuse et épanouie.  Le vendredi 21 mai 2010 je suis allée à mon dernier monitoring, mon bébé bougeait beaucoup. Je suis rentrée chez moi normalement. Mais le soir je me suis vue ressentir de grosses contractions et ce toute la nuit. Mon conjoint n’était pas là, j’étais paniquée. Premier réflexe, appeler ma mère. Elle a su me rassurer. Le lendemain rebelote, des contractions toutes les 5 minutes mais de plus en plus intenses. J’ai appelé la clinique dans laquelle je devais accoucher et leur ai expliqué mon état. On m’a dit de venir pour une visite de contrôle. Conclusion: perte du bouchon muqueux et dilatée qu’a 1, vous pouvez rentrer chez vous. J’ai donc pris mon mal en patience et attendu. La journée fut longue et épuisante. La nuit bien pire. Pliée en quatre dans mon lit j’avais beau me tourner dans tous les sens avec mon coussin d’allaitement mais rien me soulageait vraiment . Ce n’est que le lendemain soir, vers 20heures30 que les contractions se sont rapprochées, et ma mère a décidé d’appeler la clinique pour leur dire que j’allais venir. A peine arrivée au service Maternité voilà que je perds les eaux devant mon compagnon, ma mère et le personnel médical. Dilatée qu’à 2, je savais que j’allais rester à attendre un bon bout de temps ! La sage femme de garde me disait de marcher , de m’asseoir sur le ballon….. Mais je n’en pouvais plus. Ce n’est qu’à 6h30 du matin qu’on est venu me chercher pour rentrer en salle de travail. Enfin soulagée! Après avoir hésité, mon compagnon a décidé de  relayer ma mère et de venir assister à l’accouchement. Mon gynécologue, de garde cette nuit là, était sur le point de partir. J’ai donc compris qu’il ne m’accoucherait pas. J’ai été déçue qu’il ne m’accouche pas mais c’est une de ses collègues très gentille qui s’est occupée de moi. 
Pause de la péridurale, on demande au papa de sortir de la pièce. Je n’ai pas trop bien compris pourquoi à ce moment là. La sage femme me dit que c’est pour des raisons d’hygiène mais je ne cherche pas plus à comprendre. Allongée sur le côté, perfusée, j’attends que celle-ci fasse effet. Je ressens toujours les mêmes contractions, la même douleur intense. Je ne comprends pas. Mon conjoint s’aperçoit que la péridurale était mal posée, que du liquide me coulait sur le bas du dos et les jambes. En panique j’appuie sur le bouton pour les alerter. eux-mêmes en panique ils ne comprennent pas ce qui se passe. Dilatée a plus de 8 l’anesthésiste me demande si je me sens de continuer sans péridurale, mais exténuée et ne supportant plus la douleur je lui demande de m’en faire une seconde. Voilà la 2e péridurale posée. Il me faut attendre à nouveau qu’elle fasse effet. Mais bébé lui n’attend pas! Ses cheveux étaient déjà visibles. Je sens malgré tout que la péridurale m’a soulagé même si la précédente venait de m’anesthésier le haut des jambes. 
Après 6heures passées en salle de travail, 2 péridurales et une épisiotomie voilà l’ arrivée au monde de  ma merveille!  Une mise au sein directe a été faite pendant deux heures en tête à tête avec ma fille. Un pur moment rempli d’émotion certes mais je n’en pouvais plus, j’avais soif, j’avais faim, j’avais sommeil…. J’avais peur de m’endormir, mon nourrisson au sein. Je luttais de fatigue, seule sur mon lit en salle de travail. Je me suis soudainement sentie perdue dans cette grande pièce et ce ci petit bébé auprès de moi. J’aurais aimé avoir son père près de moi, ou une tierce personne pour m’épauler dans cette réalité nouvelle. Je suis restée une semaine complète à la maternité, ma fille ayant eu la jaunisse. Changer la 1ere couche, passer la 1ere nuit, gérer l’heure des tétées et les séances d’UV où on me réveillais en pleine nuit pour aller donner le sein a ma fille….. Pas facile pour une maman débutante! Son père ne venait pas m’aider, il passait souvent le soir tard faire un coucou et c’est tout. Je gérais seule les bains et les humeurs de ma fille. Pas toujours évident à gérer. J’étais exténuée et je me languissais de partir, de rentrer chez moi avec mon bébé. Je suis donc sortie de la maternité le dimanche 30 mai 2010, jour de la fête des mères! Quel beau cadeau ! Mais là encore panique! Je savais que j’allais devoir tout gérer à la maison, seule, sans aucune aide extérieure. Lessivée la 1ère semaine, ma mère est venue m’aider la semaine suivante et quelle aide! 
Aujourd’hui ma puce a 2 ans et demi et se porte à merveille! C’est une petite fille super dynamique en perpétuelle envie d’apprendre et de découvrir ce qui l’entoure. J’ai quitté son père et je suis partie de Montpellier. Je suis retournée six mois vivre chez ma mère avec ma fille le temps de. Et aujourd’hui je vis près de Bordeaux avec mon nouveau compagnon. On parle parfois d’avoir un enfant ensemble, et je lui dis que j’ai souffert du manque d’implication de mon ex et d’avoir vécu une grossesse passive et que je voudrais pour ma seconde grossesse être actrice et active. Ecouter mes envies et les partager avec ma sage femme ou mon gynécologue, faire appel à une doula pour m’épauler et  avoir une présence précieuse auprès de moi, penser à un projet de naissance, aller à la préparation à l’accouchement et poser des questions , choisir et écouter mon envie sur ce que je veux vraiment et vers quel style d’accouchement je veux me tourner….. Je me suis beaucoup informée et documentée sur la périnatalité depuis ma grossesse car je me suis aperçue que je ne connaissais pas grand-chose en réalité sur le sujet et que j’étais passée à côté de beaucoup de choses importantes pour un épanouissement total. Comme la sophrologie pour une meilleure estime et maitrise de soi, ou comme aller voir une consultante en lactation pour des conseils…. Il existe énormément de belles  professions malheureusement encore méconnues ! J’ai acheté le livre d’Adela Stockton  "les doulas"et je l’ai lu d’une traite, tellement il est intéressant et complet. C’est cela qui me pousse aujourd’hui à faire cette formation pour devenir moi-même doula, pour écouter, accompagner,  épauler, rassurer la femme enceinte dans cette période magique et unique qu’est la grossesse. 

tendrement, 
Lauriane -M.A.M.A.N 

dimanche 28 octobre 2012

le développement prénatal (2/2)

2. Apprentissage prénatal auditif 

Compte tenu de ces réactions foetales spontanées, les neurologues, les pédiatres et les psychologues se sont interrogés sur la possibilité d'un apprentissage prénatal lié à l'expérience sensorielle in utero, et à son effet éventuel sur certaines réponses comportementales pré et postnatales.

  • battements de coeur et apprentissage 
Les battements cardiaques de la mère sont un bon candidat pour étudier le rôle de l'apprentissage au cours de la période prénatale. Ainsi, vers la fin des années 1950, Salk s'est intéressé aux effets du rythme cardiaque sur l'humeur des nouveaux nés. Ce chercheur a réalisé une expérience inhabituelle. Il travaillait dans la maternité d'un hôpital ou la tradition voulait que les nouveaux nés soient séparés de leur mère pendant des intervalles de temps réguliers. Lors de cette séparation, ces enfants furent soumis à des simulations de battements cardiaques. Un premier groupe reçut des sons émis par un métronome à la fréquence de 72 par minute; ce qui correspond à la fréquence réelle des battements cardiaques. Un deuxième groupe reçut des battements de métronome avec une fréquence de 120 par minute. Enfin, un troisième groupe (groupe contrôle) ne reçut aucune stimulation. Salk a observé l'effet de ces stimulations sur le comportement des nouveaux nés. Les enfants du groupe exposé à des mouvements cardiaques accélérés se sont montrés d'emblée très agités et l'expérience a été arrêté  Après 4 jours, les enfants stimulés  avec une fréquence normale de battements ont pris plus de poids et ont été plus tranquilles que les enfants non stimulés. Salk a mis en relation le rôle apaisant des battements cardiaques de la mère et la posture qui est communément observée lorsque la mère tient l'enfant dans ses bras.   Dans 80% des cas les mères portent leur enfant sur le côté gauche (Salk 1973, Vauclair 2003a). 
Les battements du coeur ont donc un incontestable effet calmant pour les très jeunes enfants. Ce phénomène a été vérifié à l'aide d'une expérience avec des nouveaux nés de moins de 3 jours. DeCasper et Sigafoos (1983)  ont montré que l'expérience  auditive intra-utérine des battements cardiaques de la mère a un effet sur le comportement postnatal en renforçant la fréquence des succions du nouveau né. Cette expérience n'a pas déterminé  si c'est la familiarité avec le bruit du coeur, ou le caractère  rythmique de cette sonorité qui jour le rôle de renforcement. 
Ces recherches suggèrent donc que les stimulations auditives au cours de la vie foetale ont des effets après la naissance.

  • reconnaissance prénatale de la voix de la mère
Comme l'ont montré DeCasper et Fifer (1980), les nouveaux nés préfèrent entendre la voix de la mère plutôt que celle d'une voix féminine non familière. Plusieurs études ont démontré la préférence des nouveaux nés âgés d'au moins 4 jours pour leur langue maternelle par rapport à une langue étrangère (Mehler, 1988). Cette préférence est vraisemblablement fondée sur une reconnaissance des aspects prosodiques, comme le rythme ou l'intonation, de la langue. On  ne peut toutefois exclure qu'une expérience  prénatale, même limitée, n'a pas joué un rôle dans ces compétences discriminatives des nouveaux nés.
Une seule étude a testé directement le rôle de l’apprentissage prénatal de la voix de la mère sur le comportement ultérieur des nouveaux nés. 
DeCasper et Spence (1986) ont demandé à des futures mères de lire à haute voix une berceuse célébre aux Etats Unis, the cat in the hat ("le chat dans le chapeau") au cours des 12 dernières semaines de grossesse, à raison de deux séances de lecture journalière. Au moment de la naissance les enfants ont ainsi entendu cette histoire pour une durée totale de 3 heures et demie. Deux ou trois jours après la naissance, les auteurs ont utilisé une technique de conditionnement  des mouvements de succion. Dans un premier temps, les mouvements  de succion sont mesurés à l'aide d'une tétine expérimentale, pendant deux minutes, afin de repérer leur fréquence spontanée. Ensuite, un casque placé sur la tête du nouveau né. Si l'enfant suce avec un taux supérieur au taux de base, l'expérimentateur diffuse la berceuse entendue au cours de la vie intra-utérine.  S'il suce avec un taux inférieur, il entend une histoire nouvelle, en l’occurrence une berceuse de même durée dans laquelle "cat" et "hat" sont remplacés par "dog" (chien) et "fog" (brouillard). L'histoire nouvelle est donc différente quant aux sonorités principales et à la prosodie ( renvoie à plusieurs aspects de la parole: intonation, ton, rythme, pause et débit).
Tous les nouveaux nés ont augmenté leur rythme de succion afin d'entendre la berceuse connue plutôt   que  l' histoire nouvelle. La préférence pour l'histoire connue persiste même si les deux histoires sont lues, lors du test, par une voix de femme inconnue. 
Les chercheurs ont conclu que les nouveaux nés ont bien entendu et appris l'histoire lue par la mère au cours de la période intra-utérine. Cet apprentissage influence les nouveaux nés dans leur préférence sonore, juste après la naissance.
L'évidence qu'une forme d'apprentissage puisse se produire au cours de la vie intra-utérine est bien entendu intrigante  Toutefois, le fait qu'un nouveau né réponde à des sonorités familières par rapport à des sonorités nouvelles, n'implique pas que cet apprentissage prénatal aura un impact significatif sur son développement ultérieur, par exemple celui du langage.

3. influence des comportements de la mère sur le foetus 

La consommation d'alcool et de tabac par la mère au cours de la grossesse a des effets parfois dramatiques sur le développement de l'enfant. L'importance de ces effets dépend de l'avancement de la grossesse. Les risques, en début de grossesse provoquent essentiellement des anomalies physiques, alors qu'en fin de grossesse, ce sont plutôt des troubles de comportement qui sont à craindre. 
Ces agents qui peuvent affecter le développement normal prénatal et engendrer des problèmes structuraux, comme des malformations physiques ou fonctionnels, comme des troubles du comportement, sont appelés agents tératogènes (agent extérieur qui augmente les risques d'anomalies ou de perturbations au cours du développement prénatal). 

  • les effets de l'alcool
L'alcool traverse facilement la barrière placentaire, passant ainsi de la mère à l'enfant. Une consommation excessive d'alcool pendant la grossesse génère plusieurs types de risques pour le développement de l'enfant: 
- accouchement prématuré
-poids de naissance + faible (de 80 à 160g en moyenne)
- anomalies associées au SAF (syndrome d'alcoolisme foetal = effet d'une consommation excessive d'alcool au cours de la grossesse par la mère)

Les relevés statistiques indiquent que le SAF attenit 1.95 enfants sur 1000 aux Etats Unis, et 1.3 sur 1000 en France. Le SAF est à l'origine d'un tiers des naissances prématurées. On lui associe (Abel, 1987):
- des malformations crânio-faciales
- un retard global de croissance (taille, poids)
- des malformations d'organes
- des anomalies du système nerveux pouvant conduire à un retard mental.

Il faut noter que même une consommation modérée d'alcool (1-2 verres / jour) peut engendrer des troubles du comportement sans malformation, comme des déficits attentionnels ou un retard mental. 

  •  les effets du tabac
La consommation de tabac par la mère a un effet direct sur le comportement des enfants (avortement, enfant mort né, prématurité, problèmes respiratoires, anomalie du fonctionnement cardiaque), malgré la prévention et les mises en garde des mères pendant la grossesse. Les effets nocifs du tabac sont dus au fait que la nicotine entraine une constriction des vaisseaux sanguins, qui diminue l'irrigation sanguine du placenta. Une des conséquences les plus visibles concerne l'effet sur le poids du nouveau né. (Haste et al, 1991). 

consommation de tabac par la mère et poids de l'enfant à la naissance

Par ailleurs, la consommation de tabac par la mère au cours de la grossesse augmente de 2 à 3 fois les risques du symdrome de la mort subite du nourrisson (Golding, 1997). La nicotine, transmise par le sang de la mère fumeuse au foetus, conduirait à une activation continue du récepteur nicotique du foetus pendant la grossesse. Une telle activation aurait pour effet de diminuer l'efficacité des réflexes respiratoires et d'éveil en réponse aux apnées du sommeil, et donc un risque augmenté de mort subite du nourrisson. En France, 39 cas de mort subite du nourrisson ont été recensés en 2001.
De plus, i lest fort possible que la simple exposition de la mère à un environnement de fumeurs puisse affecter le développement du foetus, en agissant notamment sur son poids (Windham et al, 1999). 


conclusion 

Le développement moteur et perceptif commence dès le stade prénatal, qui s'étend entre la 9e semaine après la conception et la naissance. Les repères temporels caractérisant cette période sont identifiés pour ce qui concerne le développement physique  et l'apparition des mouvements spontanés du foetus. 
Ces changements morphologiques et ces réactions comportementales sont accompagnées de transformations des structures cérébrales ( complexification du cerveau, myélinisation et synaptogenèse). Parallèlement , les systèmes sensoriels se développent selon un ordre allant de sens de l'équilibre à l'olfaction et la gustation, puis de l'audition à la vision. L'audition est fonctionnelle plusieurs semaines avant la naissance.  L'étude des réactions des nouveaux nés à des stimulations auditives a permis de révéler l'existence d'un apprentissage prénatal. Ce dernier a notamment été mis en évidence par des recherches concernant la sensibilité du foetus à la voix de la mère. Ainsi, une comptine, lue régulièrement par la mère au cours des dernières semaines précédent la naissance, est reconnue par le nouveau né. 
L'alcool et le tabac ont des effets négatifs et néfastes pour le développement physique et psychologique de l'enfant. Ces substances sont donc fortement déconseillées voire interdites pendant les 9 mois de la grossesse.


source: développement du jeune enfant; motricité, perception, cognition. Jacques Vauclair

Jacques Vauclair 

Professeur en psychologie du développement  (que j'ai eu la chance d'avoir lors de ma 1ère année de licence 1 de psychologie)  à l’Université de Provence (Aix-Marseille) et à l'institut Universitaire de France. Il y enseigne notamment le développement moteur et perceptif du jeune enfant et les méthodes d’accès et de diffusion des informations scientifiques.
Il est également Directeur de l'École Doctorale «Cognition, Langage, Éducation» et du Centre de Recherche en Psychologie de la Connaissance du Langage et de l’Émotion (Centre PsyCLÉ). Ses recherches concernent la psychologie comparée de la cognition et de la communication.


bien à vous. 



samedi 27 octobre 2012

le développement prénatal (1/2)

Bonjour les filles,

Aujourd'hui j'ai voulu aborder avec vous le développement prénatal , car contrairement à ce que certains psychologues pensent, le développement ne commence pas seulement à la naissance. c'est négliger les changements vitaux qui se déroulent au cours de la période fœtale et qui préparent les acquisitions apparaissant à la naissance. L’ontogenèse de l'enfant comprend tout le développement de l'individu, qui va de la conception à l'état adulte. Les modalités perceptives connaissent des changements anatomiques, puis fonctionnels dès la 10e semaine post conception, de telle sorte que l'équilibre, l'odorat et l'audition sont matures à la naissance. c'est pourquoi il est utile d'examiner les étapes de la vie entre la fécondation et la naissance. Je trouvais important de traiter ce sujet qui je pense intéressera nombreuses mamans, et accompagnatrice en périnatalité en devenir.

Classiquement, la période de développement allant de la conception à la naissance est appelée embryogenèse.  
Elle est décomposée en trois grandes étapes:
- le stade pré-embryonnaire ou germinal : 0 à 10 jours (fécondation de l'ovule par le spermatozoïde  et création d'une cellule oeuf par mitose)
- le stade embryonnaire: 10 jours à 8 semaines
- le stade fœtal: entre 9 semaines et la naissance

Dès le début de la deuxième semaine de vie, commence la période embryonnaire. l'élément essentiel de cette période est la neurulation, qui correspond à la construction de l'axe cérébro-spinal, siège du système nerveux central. outre la neurulation, la période embryonnaire est marquée, à partir de la cinquième semaine, par une accélération du développement morphologique qui conduit, vers huit semaines, à un embryon de 3 cm présentant l'ébauche de la plupart des membres du corps humain. en effet la tête est distincte du corps, le nez, les yeux et la bouche sont identifiables, les doigts, les orteils sont séparés. L'embryon possède ainsi sous forme rudimentaire les principales caractéristiques anatomiques de l'Homme. Ces phénomènes marquent le passage su stade embryonnaire au stade fœtal. on peut noter que l'on parle généralement de fœtus a partir du 3e mois après la fécondation. En France, le Comité national de l'éthique a recommandé en 1988, l'utilisation du mot fœtus pour désigner toute la durée de la gestation .

L'évolution fœtale, dernière étape avant la naissance, présente deux aspects essentiels: la poursuite de la croissance et la différentiation du système nerveux central d'une part, et l'émergence des premières réactions à l'environnement d'autre part. ces comportements prénatals sont essentiels dans la mesure où ils constituent les prémices du fonctionnement du nouveau né. Pendant très longtemps les psychologues n'ont pas soupçonné que le fœtus avait de nombreuses interactions avec son environnement. Il a fallu attendre des progrès technologiques comme l’échographie , et aussi l'évolution des mentalités concernant la vie fœtale et les nouveaux nés pour qu'on s’intéresse de près au développement sensoriel et moteur du fœtus.

  1. les étapes du développement du  fœtus 
Le fœtus est constamment en mouvement. Certains de ces mouvements, manuels, notamment, auront d'ailleurs un effet sur les activités motrices ultérieures (après la naissance), quand celles-ci auront passé sous un contrôle cortical.
  • le cerveau et le développement du fœtus 
l'activité fœtale présente une alternance de périodes intenses et moins intenses. Ainsi l'activité spontanée du fœtus diminue assez significativement vers la 16e semaine, sans doute sous l'effet d'une maturation nerveuse très importante qui est marquée par l'apparition des hémisphères cérébraux et des circonvolutions cérébrale Cette diminution d'activité sans doute due au fait qu'une partie des mouvements, jusqu'alors incontrôlés, passent sous le contrôle cérébral. Une telle période d'inhibition de l'activité se poursuit jusque vers le 6e mois, moment où un regain d'activité est observé.

chronologie du développement physique au cours des périodes embryonnaire et fœtale 

chronologie du développement des mouvements spontanés au cours des périodes embryonnaire et fœtale 
Vers la 27e semaine, les cellules nerveuses sont considérées comme matures. Cependant, deux phénomènes importants, la synaptogénèse et la myélinisation, sont encore nécessaires afin que le cerveau atteigne un fonctionnement comparable à celui d'un adulte.
La synaptogénèse = élaboration des connexions qui s'établissent entre les synapses des cellules nerveuses. Ces connexions créent des circuits de plus en plus complexes conduisant  à une augmentation des coordinations des comportements.
la myélinisation = recouvrement des axones des cellules par une gaine de protection appelée myéline. La myélinisation progressive des champs du cerveau commence vers le 6e mois après la conception, sous l'influence du fonctionnement des organes. Les aires primaires sont myélinisées en premier lieu, puis les aires associatives. Ce processus se poursuit plusieurs années après la naissance.
  • développement des systèmes sensoriels
Tous les systèmes sensoriels atteignent leur maturité fonctionnelle avant la naissance, à l'exception de la vision peut être. Leur ordre de développement est commun à l'ensemble des vertébrés, à savoir: toucher-sens de l'équilibre-olfaction gustation-audition-vision.
En ce qui concerne par exemple le toucher, le foetus a de très nombreuses occasions s'interactions tactiles suscitées par les déplacements maternels, et par ses propres déplacements. Ces contacts, avec les parois utéro-placentaires, et entre les différentes parties de son corps, déclenchent des réflexes d'orientation buccale. Ainsi, à la 15 e semaine, l'echographie montre des foetus suçant leur pouce (Hepper et al, 1991).

calendrier des capacités sensorielles et motrices (semaines psot-conception)

- le toucher 

Les réactions à des stimulations tactiles sont extrêmement précoces. Ainsi, à 8 semaines, une stimulation très légère de la joue d'un foetus donne lieu à des mouvements de protection (Hooker, 1952). Toutes les parties du corps vont devenir  progressivement réactives aux stimulations tactiles. Cette grande sensibilité du toucher a été également mise en évidence à partir d'attouchements avec un stylet sur des foetus en état de survie provisoire. Des réactions apparaissent suite à des stimulations faciales, en particulier dans la région de la bouche, ou après une stimulation des mains et des pieds (De Vries et al, 1985). Ces derniers auteurs ont aussi observé à l'aide de l'échographie  que les foetus entre la 8e et la 9e semaine restent rarement plus de 13 minutes sans bouger.

- le sens de l'équilibre

Le foetus qui baigne dans le liquide amniotique est soumis à des changements constants de position. L'intégration des changements de position de la tête et du corps par rapport à la force de gravité, est réalisée par les canaux semi-circulaires de l'oreille interne. Ceux ci se développent dès la 8e semaine. Ils sont sensibles aux accélérations et aux décélérations angulaires et contribuent au maintien de l'équilibre. Il faut observer que les stimulations du sens de l’équilibre jouent un rôle important pour le développement foetal, notamment dans le maintien et dans les changements d'état d'excitation .  Ainsi quand la mère bouge beaucoup au cours de la grossesse, le foetus reçoit un grand nombre de stimulations vestibulaires. En revanche, quand la mère est au repos, par exemple la nuit, il n'est pas rare que le foetus recevant peu de stimulations vestibulaires se mette a bouger. Il est facile de vérifier le rôle de ces stimulations, après la naissance, en berçant l'enfant pour le calmer. 

- l'odorat et le sens gustatif

Les structures nerveuses responsables de l'odorat et du goût sont disponibles dès la 14e semaine. Odeurs et saveurs liées à l'alimentation maternelle, via le système sanguin de la mère, passent ensuite dans le liquide amniotique et dans le sang du foetus. Schaal et al (1995) ont trouvé près de 120 composés olfactifs différents dans le liquide amniotique. Ceux ci sont traités dans trois sites différents: le nez, la bouche et le système sanguin. Par exemple, les narines du foetus sont à 4 mois, débarrassées des tissus qui les bouchaient. Le foetus peut a la fois inhaler et avaler le liquide amniotique. Il expérimente donc souvent les odeurs et les saveurs. Des préférences pour certaines substances apparaissent. Ainsi, il semblerait que les foetus, comme les nouveaux nés, préférent les substances sucrées aux substances salées. S'il n'est pas exclu que les capacités de détection et la préférence pour certaines saveurs soient génétiquement déterminées, d'autres préférences peuvent s'apprendre au cours de la vie foetale. Ainsi la consommation d'alcool par la mère peut conduire à une augmentation de son absorption par le foetus et éventuellement une préférence pour l'alcool plus tard dans la vie (Molina et al, 1995). La discrimination par les nouveaux nés de l'odeur du lait maternel repose sans odute sur les mêmes mécanismes d'apprentissage précoce, qui ont lieu au cours de la vie prénatale. 

- l'audition

Un autre exemple représentatif de l'activité du foetus est celui de l'audition. Si l'oreille est complètement fonctionnelle vers la 24e semaine, des réactions à des bruits extérieurs sont déjà possibles dès la 27e semaine; par exemple, la discrimination entre deux sons purs de 250 et 500 Hz (Shahidullah et Hepper, 1994). La réactivité du foetus à des sons concerne également les stimuli langagiers. Ainsi, à partir d'un enregistrement des changements dans le rythme cardiaque, Lecanuet et al (1987) ont pu montrer que le foetus discrimine des séquences sonores telles que "babi"  par rapport à "biba". Cette précocité indique que le traitement des signaux auditifs se réalise d'abord par la peau et par le système osseux avant d'être perçus par le système vestibulaire et par la cochlée ( tube osseux en forme de spirale situé dans l'oreille interne).  Il est difficile de se faire  une représentation exacte de la façon dont le foetus traite les sons, car il entend des sonorités qui traversent le liquide amniotique.
Le foetus vit dans un environnement auditif tout à fait particulier, appelé bruit de fond intra-utérin. Ce milieu est constitué: des bruits endogènes tels que les bruits cardio-vasculaires maternels et foetaux, ainsi que les borborygmes digestifs; des bruits externes, telles la voix humaine et la musique, qui, malgré une atténuation notable, atteignent le foetus (Lecanuet et al, 1987). Les réactions auditives de ce dernier sont attestées par de nombreux indices : le rythme cardiaque, les réponses motrices ou les mouvements réflexes comme le "sursaut" et les réponses électrophysiologiques, mesurées à l'aide de la technique des potentiels évoqués.
Ainsi l'utérus est un milieu très bruyant. Son niveau sonore, d'environ 75 décibels, correspond au niveau sonore mesuré à l'intérieur d'une voiture en déplacement. Ce fond sonore est renforcé fréquemment par le bruit que fait le passage de l'air dans l'estomac de la mère et, chaque seconde environ, par le bruit encore plus intense des battements de coeur de la mère. 
Les bruits extérieurs sont fortement atténués par le corps de la mère et le liquide amniotique. Seuls certains types de sonorités peuvent être discriminer parmi le bruit de fond utérin. Ainsi certaines mères rapportent que des changements d'activité de leur foetus se produisent lorsqu'elles écoutent de la musique, ou bien à la suite d'un bruit ponctuel comme le claquement d'une porte.
De plus, des études minutieuses ont révélé que le foetus réagit à certains types de bruits provenant du milieu extérieur. Dans une de ces expériences, un générateur de sons a été placé sous l'abdomen de la mère. Celle-ci portait un casque dans lequel était diffusé constamment le même son, afin de l'empêcher d'entendre les stimulations  sonores au foetus. le résultat de cette expérience a montré une augmentation de l'activité foetale quelques secondes après que le bruit a été expérimentalement produit. Ces capacités prénatales de détection de stimulations auditives ont incité des chercheurs a étudier l'existence possible d'un apprentissage prénatal de nature auditive.

- la vision

Les études anatomiques montrent que le système visuel est la dernière modalité sensorielle à se développer. C'est seulement vers 6 mois que les muscles qui actionnent les globes oculaires sont en place. Quelques semaines  plus tard, le foetus peut réaliser les premiers mouvements des yeux. Peu d'informations, concernant l'expérience visuelle du foetus, sont disponibles. Les prématurés de 7 mois présentent des changements dans la réactivité de leur cortex visuel, lorsqu'ils sont stimulés par des flashs lumineux, et s'ils sont en mesure de suivre visuellement un objet en mouvement. Certains chercheurs ont montré que vers la fi n de la période foetale , entre 36 et 40 semaines, le foetus pouvait détecter une source lumineuse intense qui passerait la barrière constituée par la paroi stomacale de la mère (Kiuchi et al, 2000). Cette sensation visuelle prénatale pourrait être comparable à la lueur perçue à travers la paume lorsque la main recouvre une lampe de poche allumée. Enfin, Eswaran et al (2000) ont utilisé avec succès les méthodes contemporaines d'imagerie cérébrale pour établir la réactivité du cerveau de foetus (36e semaine de gestation) à des stimulations lumineuses émises à la surface de l'abdomen de la mère. 





source: "développement du jeune enfant; motricité, perception, cognition" Jacques Vauclair



samedi 13 octobre 2012

interview avec Amandine, doula


Bonjour à toutes,

Aujourd'hui, je tenais à vous faire partager l’expérience d’Amandine LAGARDE, qui a eu la gentillesse de prendre un peu de son temps libre pour répondre à quelques unes de mes questions. Je vous laisse découvrir ses réponses.... 

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- Maman de deux filles, vous entendez parler pour la première fois de doula quelques mois après la naissance de votre ainée. Comment avez-vous fait cette découverte ?

Après mon 1er accouchement, je me suis posée beaucoup de questions sur le déroulement de cet évènement. Je n'étais pas satisfaite de la façon donc j'avais vécu ce moment, j'avais ressenti un grand manque de soutien. J'ai tout d'abord pensé que j'avais fait des choix qui ne me correspondaient pas au niveau du suivi de ma grossesse, de ma préparation à l'accouchement... Puis, en farfouillant sur le net, j'ai découvert ce qu'était une doula, son rôle, son positionnement... J'ai tout de suite accroché : je pouvais enfin mettre en mots ce qui m'avait manqué, c'était cette notion d'accompagnement! J'ai tout de suite décidé que je prendrai une doula pour une prochaine grossesse, puis, assez vite, j'ai souhaité accompagner moi-même des couples.

- En 2010 vous décidez de participer aux journées consacrées aux doulas, pour la première fois. Comment se sont déroulées ces journées ? quelles activités sont proposées ? quelles informations avez-vous trouvé ? 

Pour moi, c'était une étape importante dans mon cheminement : rencontrer, échanger, essayer de jauger si j'avais ma place dans cet espace, si je me reconnaissais un peu parmi ces doulas et futures doulas... Et le test a été concluant!
Ces journées se composent de "plénières", avec des intervenants divers (auteurs, professionnels de santé, associations...), et d'ateliers en petits groupes durant lesquels doulas, futures doulas, mais aussi des parents peuvent découvrir ou approfondir un thème précis. 
C'est un évènement très chaleureux et convivial, qui permet de découvrir d'autres pratiques, d'entendre des témoignages ou de témoigner soi-même sur divers aspects du métier de doula. C'est important de se retrouver une fois par an pour se ressourcer, se recentrer.

- Vous voilà maintenant bien informée sur la fonction de doula. Quels ont été les outils déclencheurs qui ont fait que vous vous êtes dit : « ce métier est fait pour moi » ?
  
Je ne parlerai pas de déclic mais de cheminement. Ce positionnement, cette relation particulière avec les mères et les couples, me sont progressivement apparus comme des évidences. Difficile à expliciter mais disons que j'ai eu des "signes" qui m'ont encouragée à aller dans cette direction. J'aime le contact, l'échange, être à l'écoute et "accueillir" les sentiments de l'autre, mais surtout, j'aime ce moment si particulier de la vie. Pour moi c'est un plaisir sans cesse renouvelé et une grande chance de pouvoir accompagner des couples autour de la naissance de leur enfant!

- Etre doula signifie accompagner, rassurer, être à l’écoute, soulager stress et angoisse de la future maman. Comment expliquez-vous qu’aujourd’hui encore de nombreuses femmes et futures mères éprouvent ce sentiment d’abandon (manque du soutien du conjoint, des proches), de non compréhension (des proches, du corps médical), de ce manque d’écoute et d’information sur le suivi de grossesse et l’accouchement ?

En effet, beaucoup de femmes éprouvent ces sentiments. Pendant la grossesse, l'accouchement et les 1ers moments avec son bébé, la mère vit de grands bouleversements, des moments très intenses physiquement et moralement. Elle peut avoir besoin d'établir une relation de confiance avec une personne qui sera là pour elle dans la continuité, besoin d'être soutenue discrètement, entourée d'une présence maternante. Parfois, elle ne peut pas établir cette relation particulière avec son compagnon, qui est lui-aussi en plein bouleversement... Les amies ont leurs vies, la famille proche s'intéresse parfois plus au futur bébé qu'aux questionnements de la maman en devenir... Le suivi médical passe souvent par différents professionnels, il est rare qu'un même interlocuteur soit présent du début de la grossesse à la période post-natale. Il est rare aussi que les professionnels rencontrés tout au long de ce parcours puissent proposer à la femme et au couple l'écoute et l'attention dont ils pourraient avoir besoin.
La doula se situe réellement dans une position qui ne peut être occupée ni par les proches, ni par l'équipe médicale. Et même des futures mamans qui ne se sentent ni stressées, ni angoissées font appel à une doula pour être accompagnées dans la bienveillance par une autre femme.

- Vous proposez un soutien ponctuel (de courte durée sur un ou plusieurs doutes), un accompagnement plus approfondi (en début et/ou fin de grossesse ou grossesse complète) et l’organisation du blessing way (qui célèbre la femme enceinte et non le bébé à venir). Parmi les futures mères qui vous contactent, quelle est la part de celles qui désirent un simple soutien ponctuel ? un accompagnement sur du long terme ? et quelle est la part de celles qui suite à ce suivi, désirent célébrer leur grossesse en organisant un blessing way ?

Pour ma part, j'ai plus souvent été contactée pour un soutien ponctuel, à la fin de la grossesse ou après la naissance. Le rôle "traditionnel" de la doula s'inscrit plutôt dans la continuité, mais cette demande est encore peu courante. J'ai une fois été contactée pour un soutien ponctuel qui s'est ensuite transformé en accompagnement "tardif"...
Le Blessing Way est "à part" : certaines futures mamans souhaitent le célébrer sans avoir choisi d'être accompagnée par une doula, et au contraire, les mamans accompagnées n't pas toujours envie de cette cérémonie.

- Je remarque que bon nombre de futures mamans qui font appel à une doula, le font lors de leur seconde grossesse. cela montre que de nos jours de nombreuses femmes et futures mères éprouvent encore ce sentiment de solitude, de ‘mal faire’, de crainte et d’inquiétude. Qu’en pensez-vous ?

Effectivement, les demandes sont nombreuses pour une 2ème voire une Nième grossesse. Pour ma part, je n'explique pas cela uniquement par des doutes ou par un manque de confiance. Au contraire! Parfois, la 1ère grossesse montre la voie, elle ouvre une réflexion qui permet à la mère de déterminer ce qu'elle veut, ce dont elle a besoin, et les façons de l'obtenir. Elle peut avoir ressenti un vide, et souhaiter une présence bienveillante à ses côtés. Elle peut aussi simplement avoir envie de consacrer un peu plus de temps à ce futur bébé (chose souvent plus difficile quand on a déjà un enfant). Le couple peut souhaiter qu'une personne de confiance soit présente auprès d'eux lors de l'accouchement, en plus de l'équipe médicale. Les raisons qui conduisent les mères et les couples à faire appel à une doula sont multiples...

- Pouvez-vous nous dire comment se passe le premier contact entre vous et les futurs parents ? et comment réagissent les futurs pères face à cet accompagnement ?
 Souvent, c'est la future maman qui est à l'initiative de la démarche et qui me contacte. La 1ère rencontre permet de faire le point sur ses souhaits et ses besoins, j'essaie de cerner ce qu'elle attend de moi, sachant bien sur que cette "attente" peut évoluer et se transformer complètement au fil de la grossesse. Le père n'est pas forcément présent dès les 1ères rencontres, il doit pouvoir s'investir à son rythme, sans pression. Il est important de bien montrer que le rôle de la doula n'empiète en aucun cas sur celui du père.  Et en général, il est heureux de voir que sa compagne trouve le soutien féminin dont elle a besoin! 

- Avez-vous déjà célébrer un blessing way avec la présence du futur papa ? si oui, comment s’est il investi dans la fête, quel était son rôle ?
Cela ne m'est jamais arrivé! Une des mamans pour qui j'avais organisé un Blessing Way avait envisagé la présence de son compagnon, puis finalement elle en est restée au classique cercle de femmes... Mais je pense qu'un futur papa pourrait parfaitement trouver sa place dans cette célébration.

-  Je voudrais savoir ce qui vous touche dans l’organisation et la célébration d’un blessing way et quel est votre ‘rituel‘ préféré?

Beaucoup de belles choses sont possibles...Comme le moulage du ventre... Mais j'aime particulièrement le rituel des perles : chaque participante offre une perle en l'associant à une symbolique particulière, et le collier réalisé à partir de ces perles accompagnera la future maman  au moment de l'accouchement. Ce rituel tout simple en apparence est mon préféré car chacune donne quelque chose d'elle-même, c'est toujours un moment fort, très chargé en émotions... Puis la future maman montera son collier après le départ des invitées ou le lendemain, une jolie façon pour elle de rester un peu dans cette ambiance magique... 

- Des liens forts se créés entre vous et les futurs parents, gardez vous contact après la naissance ?

Oui! Jusqu'à présent je n'ai pas accompagné beaucoup de couples, mais j'ai gardé un lien fort avec chacun d'entre eux.

- Comment faudrait-il faire, à votre avis, pour mieux faire connaitre le métier de doula, et l’accompagnement à la naissance ?

En parler! Expliquer le rôle de la doula aux côtés des parents, car celui-ci est toujours très mal connu. Et montrer que la relation peut se mettre en place "même" quand on n'a pas de difficultés particulières, juste parce qu'il est bon d'être soutenu! Mais aussi continuer à dialoguer avec les professionnels de santé : il est important que nous travaillions ensemble auprès des couples, puisque nous proposons des choses complémentaires. 

- Les 3 et 4 mai prochains se dérouleront les journées consacrées aux doulas à Paris, y serez vous ? 

Bien sûr! :) 


Encore merci à Amandine d'avoir partagé avec nous un peu de son vécu et de son expérience sur le métier de doula, qui mérite d'être reconnu.....


à très vite,


M.A.M.A.N
















vendredi 12 octobre 2012

Péri ou pas péri?



Hello les filles !!

La péridurale est une technique médicale anesthésiante utilisée lors des accouchements. Aujourd’hui très utilisée, elle s’applique à  une naissance sur deux, voire 88% des naissances dans certaines maternités. Synonyme de soulagement pour certaines femmes elle rend cependant toujours sceptiques certaines autres qui voient dans cette pratique médicale un risque  de paralysie et de complications.

Vous êtes enceinte et hésitez toujours à prendre une décision ?  Voici quelques explications. 

La péridurale vous sera proposée lors des consultations prénatales et des séances de préparation à l’accouchement.  Toutes les femmes peuvent en bénéficier, cependant un rendez vous chez l’anesthésiste sera obligatoire pendant le dernier trimestre de grossesse pour vérifier l’existence d’aucune contre indication : allergie, déformation de la colonne vertébrale, fièvre, infection cutanée, maladie neurologique, problème de coagulation sanguine…

Comment se déroule-t-elle ?
La péridurale se pratique quand l’utérus est dilaté entre 5 et 6. A partir de 7 il est généralement trop tard car la péridurale perdra de son efficacité. La future mère est conduite en salle d’accouchement.  Penchée en avant assise sur le bord du lit, elle met son dos rond et ne doit pas bouger : Une anesthésie locale se fait en bas du dos, l’anesthésiste introduit une aiguille puis un cathéter entre la 3e et la 4e vertèbre lombaire par lequel le produit anesthésiant sera diffusé.




Au centre des vertèbres, la moelle épinière se prolonge par des racines nerveuses. Elle est protégée par des méninges (enveloppes épaisses et solides), la duremère étant la plus extérieure qui limite l’espace péridural situé le long de la moelle épinière et des racines nerveuses. C’est à cet endroit précis que l’anesthésiste injectera le produit anesthésiant lors de la péridurale. Apres la 1ère injection, il faudra attendre 10 à 15 minutes pour ressentir l’effet émis sur la douleur. Selon la durée de l’accouchement il faudra éventuellement renouveler les injections qui seront totalement indolores (puisque faites par le cathéter).
La péridurale est locorégionale car elle insensibilise qu’une partie du corps agissant au niveau de l’utérus et du périnée. 

Est-elle douloureuse ?

Certaines femmes sentent l’aiguille pénétrer dans le bas du dos. Possibilité aussi de ressentir de l’électricité dans les jambes et le dos. La péridurale diminue la douleur mais ne supprime pas complètement la sensibilité. 

Quels sont ses avantages et ses inconvénients ?

La péridurale atténue et supprime même parfois les douleurs provoquées par les contractions utérines lors du travail et de l’accouchement. Elle a un rôle analgésiant : la partie inférieure du corps et le bébé ne couvrent aucun risque. La future maman ressent moins les contractions et n’a plus à pousser fortement. Elle se sent plus active dans son accouchement et la péridurale lui permet de pousser quand il le faut.
Il arrive parfois que la péridurale soit inefficace et nécessite une deuxième injection (fuite du liquide céphalorachidien qui entraine parfois  des céphalées).  La future maman sera allongée et perfusée sous contrôle d’un monitoring.  La péridurale augmente les contractions utérines et  peut augmenter la durée du travail. On note que la péridurale engendre plus  d’accouchements ‘par accessoires ‘ (forceps, ventouses) du fait qu’elle rend la mère moins capable de pousser pendant l’expulsion. 

Présente t’elle des risques ?

La péridurale peut provoquer des douleurs dorsales, de l’hypotension, des céphalées et des vertiges.

Existe-t-il d’autres méthodes pour soulager l’accouchement ?

Septique de cette méthode médicale, il existe en effet des pratiques plus douces pouvant vous aidez : l’acuponcture, la sophrologie (=médiation corporelle), l’haptonomie (=méthode qui vise à relaxer et faciliter la guérison et la compréhension par le toucher) ainsi que le massage. 

Césarienne et péridurale ?

Il est tout à fait possible d’allier les deux. Les doses anesthésiques seront supérieures par rapport à un accouchement par voie basse.

Péridurale exclusivement utilisée pour un accouchement ?

Non, la péridurale n’est pas exclusivement réservée aux accouchements : elle s’utilise aussi en chirurgie pour soulager les douleurs après une opération (cancer du poumon par exemple).

Certaines futures mamans seront sans doute soulagées par la péridurale la comparant à un soulagement, limite impératif ne supportant pas la douleur de l’enfantement et pour qui la péridurale est un droit, et certaines seront toujours dubitatives voire contre car elles préféreront laisser faire la nature et vivre pleinement leur accouchement…. 

La décision appartient à la future mère, qui seule choisira ce qui lui semble le meilleur pour elle et le bien être de son bébé à venir.


M.A.M.A.N

Sources : http://www.lasantedevotreenfant.fr/peridurale-tout-ce-qu-il-faut-savoir-@/article.jspz?id=10624&categ=10016
http://www.doctissimo.fr/html/grossesse/mag_2002/0222/gr_5179_peridurale_10questions.htm
http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-peridurale-ou-pas-peridurale--818.asp?1=1
http://www.babycenter.fr/pregnancy/travail-et-naissance/peridurale/
http://www.plurielles.fr/parents/enfants-bebes/accouchement-tout-savoir-sur-la-peridurale-6941168-402.html
http://www.neufmois.fr/accoucher/216-accoucher-les-inconvenients-et-effets-secondaires-de-la-peridurale

dimanche 7 octobre 2012

L'allaitement long




Bonjour à toutes,

Aujourd'hui je tenais à parler de l'allaitement long. Un sujet encore mal perçu par l'entourage mais aussi  par le corps médical, qui y voit  parfois une connotation sexuelle voire incestueuse. L'allaitement long reste rare puisqu'il concerne seulement 6% des mères françaises qui continuent d'allaiter au delà des 1 an de leur enfantRappelons cependant que, comme le préconise  l'OMS (organisation mondiale de la santé) « L’allaitement maternel permet une croissance normale au moins jusqu’à l’âge de 6 mois. Il n’y a donc pas de raison d’introduire  d’autres aliments avant cet âge, en insistant sur le fait que l’allaitement maternel peut être poursuivi jusqu’à l’âge de 2ans ou même davantage, selon les souhaits de la mère, à condition d’être complété par la diversification alimentaire à partir de l’âge de 6 mois. »


Voici l'analyse complète de  Marie Thirion et de Valérie Piloti sur le sujet.

Allaitement long et identité sexuée :état des lieux des discours en France

(Éditions Eres : Avril 2011-  p :67-75)

Depuis un certain nombre d’années les publications concernant l’importance de l’allaitement comme facteur de santé physique optimale pour le nourrisson se sont multipliées, et des preuves scientifiques du rôle protecteur du lait humain à cours, moyen et très long terme sont apportées chaque jour. Depuis une vingtaine d’années un consensus des académies médicales de pédiatrie, repris par une large campagne de l’OMS-UNICEF, tente de promouvoir un programme de santé publique (Engle et coll., 1997) dont l’allaitement long (six mois de lait maternel exclusif – lait maternel pendant les deux premières années) est une des données essentielles. Cette très large campagne, qui inclut aussi des modalités d’accueil respectueuses et non protocolisées des nouveau-nés et de leur mère en maternité, est diffusée dans le monde entier sous le nom d’initiative « Hôpital ami des bébés ».Certains pays, en particulier les pays scandinaves, en Australie et aux États-Unis, ont dès les années 1991-1995 obtenu le « label de certification » de cette nouvelle façon médicale de concevoir l’environnement néonatal. La France est restée longtemps hermétique à ce programme. Le premier hôpital labellisé (Lons-le-Saunier) l’a été en 2001. En 2010, on dénombre douze maternités françaises ayant reçu ce label mais aucun CHU. Au même moment, 100 % des hôpitaux suédois, danois ou norvégiens ont mis au point ces nouvelles pratiques de soins. Il nous a paru intéressant de chercher à expliciter quelques aspects possibles des causes de ce retard. Pourquoi la France, pays où les taux  d’allaitement dès la naissance sont les plus bas, a tant de mal à concevoir que des bébés de plus de 4 ou 6 mois soient encore au sein ? Nous retrouvons facilement ces vieux discours dans les journaux féminins, les conversations de squares et les mises en garde des mamies, des amies et – encore ! – de beaucoup de médecins et professionnels de santé. Seuls les nouveaux forums Internet – expression de la libre parole des mères – apportent une vision beaucoup plus tolérante et souple de ce moment de vie des familles. En reprenant les discours populaires, nous avons pu constater que les arguments critiques contre l’allaitement long se basent essentiellement sur la protection de l’enfant, présenté comme victime d’une mère trop  accaparante, voire malsaine. Comme si un maternage de qualité nécessitait impérativement des séparations précoces. Selon les régions, les cultures familiales, le nombre de mois acceptable peut légèrement varier (en moyenne les réactions se déchaînent entre 6 et 9 mois !), mais dès que la norme est franchie, les réactions sont uniformes :

l’enfant ne pourra jamais se « détacher » de sa mère, il risque de devenir homosexuel, dépendant, voire psychotique…Ce risque serait encore pire pour un petit garçon que pour un « bébé fille ». La mère se retrouve en position d’accusée, considérée comme dangereuse, indécente, étouffante, trop possessive, incestueuse. Conséquence logique de cette peur culturellement transmise : au moindre  souci caractériel ou comportemental d’un enfant allaité à un âge hors normes, le lien de responsabilité entre ces troubles et l’allaitement sera direct. De là à  considérer dans le grand public et les réseaux de puériculture traditionnelle  depuis les années 1950 que certains enfants autistes, enfermés dans leur forteresse de silence et de repli (Kanner,1943), pouvaient avoir été allaités  trop longtemps, le pas fut vite franchi…En réalité, aucune étude, à notre connaissance, n’a jamais démontré un quelconque lien entre la durée des allaitements et la fréquence des troubles psychiatriques de l’enfant ! Au début du XXe siècle, les psychanalystes (Freud, Klein, Winnicott) ont évoqué le rôle positif joué par l’allaitement sur la relation mère-bébé, puis vinrent les travaux de Bowlby (1978), sur l’attachement et la création du lien. Depuis, ces mots : attachement, lien, sont les bases de la recherche sur la psychologie du nourrisson et du jeune enfant. Le portage, le holding, le « tenir rassemblé » (Bick), l’importance de la proximité physique entre le nourrisson et les adultes qui le prennent en charge sont reconnus comme la base de la sécurité psychique du tout-petit. On pourrait donc en déduire que l’allaitement prolongé, avec la proximité corporelle qu’il crée entre  l’enfant et sa mère, est l’un des moyens possibles de cette sécurité. Pourtant, les thérapeutes français dans leur grande majorité, Serge Lebovici  et Françoise Dolto en particulier, bien qu'attentifs à l'importance de la proximité mère-bébé, ont surtout abordé l’allaitement en termes de mise en garde !

Plus récemment, les discours d’un psychiatre médiatique recommandant un arrêt précoce de l'allaitement ont fait la une de la presse sans que n’ait été demandé sur quel cadre conceptuel validé reposaient ses prises de position. En partant des discours, nous chercherons donc à comprendre quelles sont les bases de ces craintes, et surtout, si elles sont universelles ou francofrançaises. Qu’en disent les psys, et que se passe t-il dans d’autres cultures ?

« QU’EN DISENT LES PSYS » ?

Première question : Comment s’effectue le partage entre sein de femme érotique et sein de mère nourricier? entre les rôles de mère et femme, père et amant ?

L’idée qu’une femme allaitante puisse être également une amante est une idée largement combattue et refoulée, remplacée par l’image d’un amour maternel pur, asexué et exclusif, où l’excitation liée à l’érotisme et à la  sexualité est bannie – ce que de nombreuses civilisations ont d’ailleurs imposé au cours des siècles. En France, cet interdit religieux a survécu jusqu’au milieu du XXe siècle et même aujourd'hui  il est avéré que l’allaitement peut en luimême être un frein pour le père à vouloir retrouver l’amante. Gilza Sandre Pereira (2006) rapporte dans son étude les discours d’hommes incapables d’avoir des rapports sexuels avec leur femme allaitante, tant l’intensité de l’image de la mère (en lien avec l’image de leur propre mère) est forte.


Deuxième question : L’allaitement peut-il mettre en danger la nécessaire « dé fusion » mère-bébé ? Sur le long terme, serait-il une façon pour la mère de continuer à s’illusionner sur le fait de ne faire qu’un avec son enfant ?

L’allaitement bouscule les places en termes de limite de soi : limites corporelles et fantasmatiques ; Pendant l'allaitement les corps se  "mélangent". Les fantasmes maternels de ne faire qu’un avec l’enfant  pendant l’allaitement ont été décrits par de nombreux spécialistes tel Bernard Brusset (2003) : fantasme de réincorporation, c’est-à-dire où la mère rêve de réintégrer son enfant dans son ventre ; fantasme d’une peau commune, soit  d’un prolongement physique entre la mère et l’enfant avant de pouvoir se détacher. Notre pratique nous a montré que l'allaitement pouvait tout autant être la scène d'une intégration progressive de la séparation des corps après la naissance et, lorsqu'il est long, ne pas gêner ce processus que celle d'un déni de cette séparation au profit d'un maintien fantasmatique de la fusion, d'une dépendance physique, d'un prolongement de la grossesse en quelques sortes. L'allaitement long ne peut et ne doit pas être considéré comme pathologique en soi mais doit être lu et mis en sens en fonction des "problématiques" des dyades mères-enfants.Si l’on met en lien ces questions sur le maintien de la fusion avec le sexe de l’enfant, on peut se demander s’il peut être plus difficile pour une mère de se séparer de son bébé garçon. La psychanalyse nous dit que le sentiment de complétude ressenti par la femme enceinte est d’autant plus fort qu’elle attend un fils, c’est-à-dire qu’elle possède en elle le sexe qui lui manquait, le sexe masculin, symbole de puissance. Ce qui laisserait entendre qu’il y ait plus de résistances à accepter la séparation de la naissance lorsque le bébé est un petit garçon. il faut bien sûr rester prudent et garder à l’esprit que cela ne constitue pas un gage de facilité pour toute dyade mère-fille.


Troisième question : L’enfant peut-il – dans un allaitement long – être prisonnier d’une problématique maternelle antérieure à sa propre conception?

Plusieurs auteurs ont mis en évidence que l’allaitement pouvait constituer une modalité antidépressive. Lighezzolo et ses coll. (2005) ont souligné un lien possible entre un deuil mal supporté par la mère et sa volonté  d’allaiter longtemps : « Se tourner vers la vie pour dénier la perte, et ne plus avoir à élaborer les affects douloureux qui lui sont rattachés […] toute  séparation générerait pour la mère la réactivation de la perte précédente non élaborée. » Plus largement, sans parler d’un décès réel, les mères ont toutes à se confronter à la question d’un autre deuil, plus imaginaire : celui du gros ventre, du sentiment de complétude ressenti pendant la grossesse. Nous l'avons dit, l’allaitement peut servir à l’intégrer ou à le dénier.


Quatrième question : Peut-il exister dans l’allaitement un lien incestueux?

Concernant l’aspect érotique, la question de l’inceste, largement évoquée dans les discours populaires par les détracteurs de l’allaitement, paraît ici centrale, puisqu’elle rejoint inévitablement celle du plaisir de la mère lors de l’allaitement. Gilza Sandre Pereira nous dit que ce lien entre plaisir de la mère et inceste  vient d’une confusion entre la sensation provoquée par une stimulation physique et la signification qu’on lui donne, à savoir une sensation que l’on ne devrait éprouver qu’avec son amant. En d’autres termes, s’il y a plaisir, c’est  forcément qu’il y a relation sexuelle, et s’il y a plaisir dans l’allaitement, c’est qu’il y a quelque part excitation sexuelle avec l’enfant. De son côté, l'idée d'un sein objet de plaisir commun pour son bébé et pour lui, peut faire craindre au père un lien anormal et être paralysant pour lui. Une autre origine du lien allaitement-inceste peut être trouvée dans les représentations des fluides corporels. Le sang, le lait et le sperme ont en commun d’être des fluides de vie et se trouvent quelque part associés. C’est comme cela que l’on peut comprendre l’idée de « parenté de lait », « frères ou soeurs de lait ». L’allaitement joue un rôle symbolique dans la filiation, ce qui peut sans doute accentuer et conforter la valeur incestueuse d’un tel  acte.
Nous pouvons nous demander si, dans ce cadre, le sexe de l’enfant joue un rôle sur le plaisir à allaiter, ou au contraire, sur la répugnance à le faire. Aucune étude ne nous permet de répondre. Il est cependant intéressant de noter que l’inceste est beaucoup plus souvent évoqué lorsque le bébé est un garçon, comme si une mère ne pouvait incester sa petite fille, comme si le plaisir pouvait être plus fort, et donc plus dangereux avec un petit garçon. Et c’est sans doute, en effet, l’aspect hétérosexuel de la relation mère-fils qui fait que l’on s’inquiète plus pour les petits garçons allaités longtemps. C'est probablement d'ailleurs la force du tabou de l’inceste, a priori plus grand  pour les petits garçons, qui peut à l’inverse expliquer le refus d’allaiter ou le
choix d’un allaitement court pour ces derniers (Parat, 1999b).


Cinquième question : Tout cela interroge sur la place de l’homme qui lui aussi va se positionner dans une nouvelle identité, un nouveau rôle. Il lui incombe notamment de trouver sa place de père tout en permettant à
la femme amante de refaire surface, de se dégager de la relation avec l’enfant pour le rejoindre. Donc de transformer la dyade mère-bébé en triade pour permettre l’individuation de l’enfant. La question du sexe du bébé peut se poser là à deux niveaux : par rapport à la mère – est-ce que le plaisir de la relation avec son petit garçon va supplanter le plaisir de la relation avec le père plus facilement que s’il  s’agissait d’une petit fille ? par rapport au père ; est-ce que la rivalité entre lui  et son enfant quant à la possession de la femme/mère est plus forte quand  ce dernier est un garçon ? Ces questions restent actuellement sans réponse.


ET DANS D’AUTRES CULTURES ?

Au cours des siècles, et universellement sur toute la planète, l’allaitement long des jeunes enfants (par une mère ou une nourrice) a été la norme, car condition absolue de la survie des nourrissons. Plus les conditions de vie étaient rudes, plus c’était nécessaire. De nos jours de nombreux bébés sont allaités pendant deux à trois ans, et ce, dans des contextes très variés. Prenons quelques exemples actuels. Dans les pays scandinaves, près de 95 % des bébés sont allaités à la  naissance et près de la moitié le sont encore à 1 an. Le sevrage intervient en moyenne autour de 18 mois, mais peut atteindre les 3 ans de l’enfant. C’est toute la société qui accompagne les jeunes mères pour leur faciliter cette fonction maternelle, tout en travaillant et en élevant leurs autres enfants. Nous n’avons pas trouvé d’études qui auraient évoqué une différence de  durée de l’allaitement au sein entre les garçons et les filles. Dans ces pays où  l’égalité homme-femme et la parité sont nettement en avance sur le reste du monde, où le rapport au corps est plus pragmatique que dans nos régions latines, on peut penser que le problème ne se pose même pas.

En Chine, la suprématie de l’homme et la transmission strictement patrilinéaire sont des réalités traditionnelles très fortes. L’enfant précieux est le fils. Les parents mettent tout en oeuvre pour lui assurer la meilleure santé possible, car c’est lui, plus tard, qui sera chargé d’assurer la prise en charge de leurs vieux jours. L’allaitement des garçons est donc long, plus de deux ans. Celui des petites filles est moins essentiel. La politique de l’enfant unique de ces trente dernières années n’a fait qu’amplifier ce phénomène. Dans les pays musulmans, une large place est faite au démarrage de l’allaitement. Les mères disposent d’une période de quarante jours après la naissance pour se consacrer à l’enfant et à sa nutrition, avant de reprendre leur vie habituelle de travail, souvent très dure.

 Au Yemen ou en Afghanistan , ce sont les petites filles qui sont allaitées le plus longtemps. On considère en effet qu’elles auront à vivre l’allaitement pour leurs propres enfants et qu’il faut leur donner des bases pour qu’elles se « souviennent » comment faire.L’allaitement est donc considéré comme utile dans la construction de leur identité féminine. Deux études récentes, l’une au Brésil (Mascarenhas et coll., 2006), l’autre au Japon (Nakao et coll., 2008), ne nous renseignent pas sur la durée totale des allaitements, mais montrent une différence significative d’âge du sevrage selon le sexe de l’enfant. Dans ces deux pays si différents, il y a  autant de garçons que de filles allaités à la naissance, mais il y a deux fois plus de filles que de garçons encore allaités vers 3-4 mois.


Au Kenya – comme dans plusieurs États africains –, le statut social de la femme est précaire, celui de la mère est nettement supérieur. Les allaitements longs confèrent aux femmes une qualité que toute la société respecte. Wangari Maathaï, prix Nobel de la paix en 2004, raconte qu’au cours d’une manifestation particulièrement violente, quelques femmes âgées courageuses se sont dénudées devant les policiers, et que ceux-ci, par  respect à l’égard de seins ayant allaité, ont arrêté de frapper et se sont retirés.


Dernier exemple : la middle class américaine (traditionnellement blanche, évangélique, républicaine, femme à la maison…) diffuse depuis une vingtaine d’années, par le biais d’associations militantes et par la formation des « consultantes en lactation », un modèle de maternage de proximité où s’imposent portage continu en écharpe, allaitement très long (plus de trois ans) et sommeil dans le même lit pour les parents et les enfants.Ce modèle s’est peu à peu développé en France, soutenu par des groupes de mères. Il a néanmoins du mal à diffuser car trop souvent présenté sur un mode comportementaliste, stéréotypé, peu soucieux de son incohérence avec les transmissions traditionnelles des médecins ou des familles. Il y est aussi trop souvent question du « bien pour l’enfant », sans tenir compte des difficultés énormes qu’il peut susciter pour certaines mères, de l’angoisse massive que peut générer une proximité avec le bébé trop intense pour elles.


LES ÉTUDES N’ONT PAS COMMENCÉ !

Le temps est venu d’aborder ce sujet des allaitements longs dans un contexte un peu moins passionnel, de prendre du recul sur les émotions suscitées chez chacun, d’écouter ce qui peut être dit d’essentiel dans les oppositions des différents regards. Pour les psys, le biais de recrutement des bébés allaités qu’ils rencontrent
en consultation est évident ; ils voient ceux qui ne vont pas bien. Cela ne veut pourtant pas dire que le lien entre le mal-être de l’enfant et l’allaitement long est direct. Ce couple mère-bébé pourrait peut-être aller aussi mal avec un autre choix d’alimentation. L’allaitement trop souvent vécu comme cause du maintien d’une fusion, n’en est en réalité qu’un symptôme. Encore une fois l'allaitement long ne peut être considéré  comme pathologique en soi. Nous aurions envie de croire que le bébé en étroite relation avec sa mère, sous son regard, ayant accès librement au sein, bénéficie des meilleures conditions pour satisfaire ses besoins physiques, affectifs, relationnels, pour développer ses capacités de communication dans une sécurité maximale. Mais ne nous leurrons pas. Tout cela est faux si la mère utilise inconsciemment le bébé pour l’aider à résoudre une problématique personnelle. Ce n’est vrai que si l’enfant peut accéder librement à d’autres plaisirs, d’autres moyens de communication, d’autres liens avec son environnement. Ce n’est vrai que dans une relation équilibrée où le couple parental a sa place, réelle et symbolique. En tenant compte de tous ces paramètres, mais aussi des bienfaits indiscutables de l’allaitement au sein pour les enfants, nous arrivons à la conclusion évidente pour nous : les recherches psychologiques et  psychanalytiques sur l’allaitement long comme élément favorable au développement du nourrisson restent donc à écrire…